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Merci - Thanks

Je me plains souvent de me sentir seule. Je précise toutefois toujours que j'ai un fils merveilleux et aimant, un trésor de tendresse et d'humour, que notre lien est extrêmement fort et me comble totalement. Ce que j'entends par seule, ce serait plutôt seule en tant qu'individu adulte, alien dans la société.

Je dois reconnaître - avec bonheur - que c'est faux. En voici quelques exemples, mais il y en a beaucoup d'autres... J'en profite pour les remercier.

Marie, mon amie, qui veille sur moi comme une mère alors qu'elle est plus jeune que moi. Elle m'a ramassée en petits morceaux, a déclaré que cela suffisait, m'a emmenée à l'hôpital, y est restée avec moi jusqu'à ce qu'on me prenne en charge. Elle prend de mes nouvelles, fait des recherches pour trouver des solutions, est très présente...

Il y a quelques mois, alors que mon état était déjà préoccupant, elle m'a offert le plus beau cadeau que j'aie jamais reçu. Celui dont je rêvais, mais que je n'osais m'offrir. Un voyage à Prague, seule, libre. J'étais ailleurs, libre d'aller et venir à mon rythme, visiter ce que je voulais, y rester trois heures si le cœur m'en disait, ou passer à grande vitesse, manger à l'heure que je voulais, ce que je voulais... J'avais la possibilité de n'écouter personne. Cela a été une parenthèse enchantée.

Pour tout cela, merci, Marie.

Amélie, une collègue avec qui j'ai adoré travailler, que je connais peu et qui m'a écrit les lettres les plus chaleureuses qui soient. Merci, Amélie.

La jeune Cécile pour qui nous nous sommes inquiétés l'année dernière et qui m'a écrit très gentiment. Merci Cécile.

Rémy, mon collègue et ami, qui veille discrètement sur moi et mon fils. Merci Rémy.

Delphine, qui tout aussi discrètement, apporte soutien et gentillesse. Merci.

Notre super-directrice Gaëlle et sa bienveillance, Antoinette qui nous soutient, Antoine et moi, avec ses bisous, Patricia et Catherine... Merci.

Jose, mon ami hawaïen, avec qui nous sommes en connexion. Il est toujours là quand j'ai besoin de lui, il est prêt à partager sa gentillesse et son expérience avec moi. Merci Jose.

Kimberly, qui rêve de me voir prendre les bonnes décisions, comme elle a su prendre les siennes. Kimberly qui croit en moi. Kimberly qui m'a spontanément proposé une aide financière. Merci, Kimberly.

Alex, l'Ecossais Canadien, qui écrit parfois des lettres hilarantes, qui enrichit mon vocabulaire en argot, qui ne fait jamais deux fois le même bisou à la fin d'une lettre, et qui Whatsappe quand je vais mal. Merci.

Polina, présente et généreuse, qui me conseille de faire des listes de pour et contre comme elle l'a fait... Merci.

Mes correspondants, John et Casimir, toujours là... Merci.

Blanca, une voix que je n'avais pas entendue depuis près de quarante ans, une femme merveilleuse qui avait été présente lorsque j'étais adolescente et jeune adulte, très généreuse, qui avait partagé son expérience avec moi pour que je ne fasse pas les mêmes erreurs qu'elle. Une personne lumineuse, éclatante de vie et de couleurs. Merci Blanca pour ton aide pendant ces années difficiles de ma jeunesse, et merci pour ce coup de fil passé mardi dernier.

Et bien sûr mon cousin Pascal. Je lui ai téléphoné, inquiète pour son mariage annulé, et c'est lui qui m'a consolée, qui m'a exhortée à prendre les décisions qui me rendront heureuse. Il prend régulièrement de mes nouvelles. Merci Pascal.

 

I often complain, saying I feel all alone. I always add that I have a wonderful loving son, a treasure of tenderness and humour, and that we are very close. What I call feeling alone is rather concerning me in society. I feel I am a useless alien.

But today I have to say - and I'm very happy of it - that this feeling isn't right. That it isn't true. Here are some exemples, but there are others, lot of others... This will be the place to thank them.

Marie, my friend, who looks after me like a mother, even if she is much youger than I am. She found me when I was collapsing, said it had to stop, took me to an hospital where she waited with me. She checks on me, tries very hard to find who can help me, she is very present in my life.

Some months ago, when I was really unwell, she gave me the best gift I ever received in my life. The one I dreamt about but didn't dare to offer myself. A trip to Prague, alone, free. I was in a different place, alone, free to go where I wanted, when I wanted, free to eat or not eat, chose whatever I wanted. Free not to listen anybody. That has been an enchanted moment.

Thank you Marie, for all this.

Amélie, a colleague with whom I could work in a wonderful way, whom I don't know well, but who wrote to me the warmest letters. Thank you, Amélie.

Cécile, a young colleague we were anxious about last year, and who wrote  very kind letters. Thank you Cécile.

Rémy, my discreet colleague, who is here for my son and I. Thank you Rémy.

Delphine, discreet too, kind and helpful. Thank you Delphine.

Our Super-Headteacher Gaëlle and her kindness, Antoinette who gives conforting kisses to both my son and me, Patricia, Catherine. Thank you.

Jose, my Hawaian friend, with whom we are connected since the first days. He is always here when I need him, he shares his experience with me and is always extremely kind. Thank you Jose.

Kimberly, who wants me to take the right decisions, as she did for herself. Who believes in me and says so. Who proposed to give me money to help. Thank you Kimberly.

Alex, my Scotch Canadian friend who likes to shock me, who writes sometimes the most funny letters I've ever read, who teaches me slang, who finds new ways to kiss me every time, and who Whatsapps me when I am down. Thanks.

Polina, present and generous, who wants me to write lists with "for" and "against" to help me making choices. Thanks.

My other penpals, John and Casimir, always present. Thanks.

Blanca, a voice I hadn't heard for almost forty years. A wonderful woman who has been there for me when I was a teenager and a young adult. Very generous, she shared her experience with me, for me not to do the  errors she had made when young. A sunny woman, full of life, colors and generosity. Thank you Blanca, for your help at that difficult time of my youth, and thank you for that phone call on Tuesday.

And of course, my cousin Pascal. I phoned him, anxious for him after his wedding was called off. But he was the one to try to make me feel better, who told me to take the decisions that would make me happy, to think about myself. He checks regularly on me. Thank you Pascal.

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Commentaires: 1
  • #1

    Jose (dimanche, 18 novembre 2018 06:19)

    J'aime les gens dans ta vie. Ils se soucient de toi. Vous êtes important et unique. Nous t'aimons.

L'accès au langage

J'ai toujours pensé que le langage était ce qui nous liait. Qu'en conséquence, il se devait d'être aussi clair que possible. Apprendre des langues nouvelles et m'apercevoir tout à coup qu'un paragraphe entraperçu ou qu'une phrase entendue à la radio faisait sens pour moi alors que jusque là ils étaient indéchiffrables est un grand bonheur.  Dans mon métier d'enseignante, je me suis toujours efforcée de rendre clairs des concepts, des mots. Il m'est arrivé  fréquemment d'échouer et de lire dans les yeux de mes élèves l'incompréhension. Les enfants sont intransigeants, la flamme n'éclaire leur regard que quand on a trouvé la formule la plus directe, la plus simple, la plus épurée. Mais quelle gratification quand on la tient ! "Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément," écrit Boileau. Aisément, pas tant ! C'est une gymnastique exigeante que de s'exprimer simplement. Nous ne sommes pas coutumiers du fait, nous enjolivons, alourdissons, colorons notre langage en permanence. Parfois pour mieux éclairer notre interlocuteur, parfois pour le séduire, et assez fréquemment pour mieux le perdre ou le tromper.

Quand j'étudiais la littérature j'enrageais déjà. Venue des matières scientifiques, je n'avais pas trempé dans le même bain de langage que mes camarades et il me semblait pédant voire stupide de systématiquement renoncer aux mots usuels pour opter pour des termes synonymes mais inconnus de la majorité des gens. Qu'est-ce qui importait ? Écrire pour être compris de tous ou seulement des initiés ? Pourquoi inventer des termes techniques quand notre langue possède déjà les outils dont nous avons besoin ? Finalement, étudier un texte devient une exercice d'exclusion, une virtuosité inutile, un plaisir de l'entre-soi alors même que le but est d'en éclairer le sens. Quel paradoxe.