· 

Petit tour de quartier, le 14ème

 

 

Jour de pluie, pas forcément ce qu'il y a de mieux pour marcher. Mais je reviens d'un rendez-vous et j'ai besoin de m'aérer l'esprit.

Et puis, c'est beau ces couleurs qui se reflètent sur le sol mouillé.

 

Rainy day, not the best for a walk. But I had an appointement and now I need to clear my mind. I must say I like these bright colors reflecting on the wet asphalt.

Décidément, les véhicules sont très colorés aujourd'hui. Ce parking  pour trottinettes, devant une école maternelle, me fait sourire. La trottinette est de plus en plus présente à Paris. Celle à moteur qu'on loue sur application de téléphone, la traditionnelle, ou encore la petite à trois roues, elle rend bien service aux Parisiens...

I find vehicles very brightly colored today. I smile when I see this parking for mini scooters along the preschool.

Scooters are seen more and more frequently these days in Paris. The ones for adults, the three-wheels ones for little kids, and the electrically powered ones we can rent thanks to an App on our phone... Very handy, I must say.

Je marche le nez en l'air et je remarque de drôles de bâtiments, qui ont été rajoutés. D'un style étrange, parfois pas très d'équerre...

I walk and look idly around me when I notice some little buildings that have been added to others with varying degrees of success.

Je vois des vestiges du passé, de vieilles boutiques, dont l'une ne va pas tarder à disparaître, pour cause de rénovation et d'élévation. Elle a fait une courte réapparition le temps des travaux, après avoir été très discrète pendant des années.

Que dit l'inscription ? "Bois, charbon et vins".

Une boutique de Bougnats, d'Auvergnats de Paris. Au milieu du XIXe siècle, avec les chemins de fer, poussés par la pauvreté, les Auvergnats montent massivement à Paris où ils font les métiers les plus durs : porteurs d'eau, rémouleurs...Peu à peu, l'eau arrivant dans les immeubles, ils se recyclent dans le commerce du bois de chauffage, du charbon et des boissons. L'homme livre le charbon, la femme sert des boissons. Communauté très soudée, travailleurs, ils s'implantent d'abord dans les quartiers populaires, puis dans tout Paris. Ils vont posséder plus de la majorité des cafés d'Île de France jusqu'aux années 1980. Il reste encore dans Paris de nombreux cafés aveyronnais, bien que grand nombre des cafés-tabacs aient été repris par la communauté asiatique ces dernières années.

I see remnants of the past, two old shops. Alas one will soon disappear, as the building will be renovated and elevated. It stayed hidden for years and is visible now the work has started.

What is written ? "Wood, coal and wines."

That was a café, a shop where Bougnats (people from Auvergne) were working. In the middle of the XIXth century, with the rapid expansion of railroads, many people from Auvergne, leaving poor living conditions, came in search of work to Paris. They took the hardest jobs. They were first water carriers, then knife grinders...When water was provided in the buildings, they found a new job. They sold firewood, coal and drinks. While the husband delivered the coal, the wife served drinks. Its was tight-knit community of hard workers. They appeared first in poor areas, but ended up possessing the majority of Parisian cafés till the 80es. Nowdays, there are still Aveyronnais cafés, but it is changing fast. A lot are bought these days by the Asiatic community.

Toutes les boutiques du quartier ne sont pas aussi anciennes, même si cette boulangerie pâtisserie a adopté un style rétro.

La librairie affiche des livres d'art, se préparant pour Noël, et met Apollinaire à l'honneur en ce mois de novembre pour l'anniversaire des 100 ans de sa mort. Il est connu pour ses poèmes, ses calligrammes (il en a inventé le nom), son bestiaire...

Of course all the shops in this area are not as old. Even if this bakery has an old fashion look.

The bookshop shows Art books for Christmas, and honours Guillaume Apollinaire who died a hundred years ago. Famous French poet, he is well known for his poems and calligrams (he invented the word)...

En repartant, j'entraperçois une cour ouverte qui nous montre l'envers du décor, une petite impasse arborée, et une fontaine Wallace, du nom du Britannique qui nous offrit ces fontaines d'eau potable à un moment où les pauvres de Paris n'y avaient plus accès. La première fut posée en 1872...

L'automne est là.

Returning home, I see through an open door an inner courtyard, a glimpse behind the scenes; a narrow street with narrow trees, and a Wallace fountain. Sir Richard Wallace offered these fountains to poor Parisian people when it was impossible to find water after the Franco-Prussian war and the Paris Commune. The first fountain was installed in 1872...

Fall has come.

Et pour finir, une citation de Baden-Powell, abandonnée au pied d'un arbre. On dit pourtant que les écrits restent...

I am almost home. A quote from Baden-Powell has been left, broken, on the ground at the foot of a tree. And yet they say writings remain...

Écrire commentaire

Commentaires: 0

L'accès au langage

J'ai toujours pensé que le langage était ce qui nous liait. Qu'en conséquence, il se devait d'être aussi clair que possible. Apprendre des langues nouvelles et m'apercevoir tout à coup qu'un paragraphe entraperçu ou qu'une phrase entendue à la radio faisait sens pour moi alors que jusque là ils étaient indéchiffrables est un grand bonheur.  Dans mon métier d'enseignante, je me suis toujours efforcée de rendre clairs des concepts, des mots. Il m'est arrivé  fréquemment d'échouer et de lire dans les yeux de mes élèves l'incompréhension. Les enfants sont intransigeants, la flamme n'éclaire leur regard que quand on a trouvé la formule la plus directe, la plus simple, la plus épurée. Mais quelle gratification quand on la tient ! "Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément," écrit Boileau. Aisément, pas tant ! C'est une gymnastique exigeante que de s'exprimer simplement. Nous ne sommes pas coutumiers du fait, nous enjolivons, alourdissons, colorons notre langage en permanence. Parfois pour mieux éclairer notre interlocuteur, parfois pour le séduire, et assez fréquemment pour mieux le perdre ou le tromper.

Quand j'étudiais la littérature j'enrageais déjà. Venue des matières scientifiques, je n'avais pas trempé dans le même bain de langage que mes camarades et il me semblait pédant voire stupide de systématiquement renoncer aux mots usuels pour opter pour des termes synonymes mais inconnus de la majorité des gens. Qu'est-ce qui importait ? Écrire pour être compris de tous ou seulement des initiés ? Pourquoi inventer des termes techniques quand notre langue possède déjà les outils dont nous avons besoin ? Finalement, étudier un texte devient une exercice d'exclusion, une virtuosité inutile, un plaisir de l'entre-soi alors même que le but est d'en éclairer le sens. Quel paradoxe.