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Etrange samedi

Paris. C'est aujourd'hui samedi, nous sommes en décembre. Il fait 13 degrés et il pleuviote.  Il est six heures du soir, la nuit est tombée.

 

Paris. Saturday. December. 6 PM. 55 ° F. It is drizzling. Night has fallen.

Bientôt Noël, la rue est en fête, les acheteurs circulent, des gens sont attablés à une terrasse de café.

Des papiers cachent les bonnes bouteilles du marchand de vin. Quelle mouche le pique ?

 

Christmas is coming soon. Buyers wander while some people have a rest at the café terrace.

Some papers hide from view the best bottles in this wine shop window. Why ?

 

 

 

Des panneaux de contreplaqué recouvrent les vitre d'un supermarché. Pourquoi est-il fermé à cette heure un samedi ?

 

Wide plywood panels cover the window of the supermarket. Why is it closed on a Saturday ?

 

 

 

 

Allons jeter un coup d'oeil dans l'avenue. C'est désert !

 

Let's have a look in the wider avenue. Oh, it looks empty.

Presque tout est fermé. Atmosphère étrange dans le quartier.

 

Almost all shops are closed. Strange atmosphere in here.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il y a une note collée sur la vitrine : "Votre magasin sera exceptionnellement fermé ce samedi."

 

 

There is a message glued on the door: your shop will be exceptionally closed this Saturday.

Il est presque six heures et demie maintenant. Aujourd'hui, les gilets jaunes ont manifesté en ville. Ils étaient suivis de casseurs qui détruisaient tout ce qu'ils pouvaient, brûlaient des voitures, s'attaquaient aux boutiques et les dévalisaient... Ici, tout était calme. Mais étrange.

 

It's almost half past six now. Today, yellow vests demonstrators were in the city. A group of people followed them and destroyed all they could, they burnt cars, broke into shops, stole goods... Here all was calm. But strange.

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L'accès au langage

J'ai toujours pensé que le langage était ce qui nous liait. Qu'en conséquence, il se devait d'être aussi clair que possible. Apprendre des langues nouvelles et m'apercevoir tout à coup qu'un paragraphe entraperçu ou qu'une phrase entendue à la radio faisait sens pour moi alors que jusque là ils étaient indéchiffrables est un grand bonheur.  Dans mon métier d'enseignante, je me suis toujours efforcée de rendre clairs des concepts, des mots. Il m'est arrivé  fréquemment d'échouer et de lire dans les yeux de mes élèves l'incompréhension. Les enfants sont intransigeants, la flamme n'éclaire leur regard que quand on a trouvé la formule la plus directe, la plus simple, la plus épurée. Mais quelle gratification quand on la tient ! "Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément," écrit Boileau. Aisément, pas tant ! C'est une gymnastique exigeante que de s'exprimer simplement. Nous ne sommes pas coutumiers du fait, nous enjolivons, alourdissons, colorons notre langage en permanence. Parfois pour mieux éclairer notre interlocuteur, parfois pour le séduire, et assez fréquemment pour mieux le perdre ou le tromper.

Quand j'étudiais la littérature j'enrageais déjà. Venue des matières scientifiques, je n'avais pas trempé dans le même bain de langage que mes camarades et il me semblait pédant voire stupide de systématiquement renoncer aux mots usuels pour opter pour des termes synonymes mais inconnus de la majorité des gens. Qu'est-ce qui importait ? Écrire pour être compris de tous ou seulement des initiés ? Pourquoi inventer des termes techniques quand notre langue possède déjà les outils dont nous avons besoin ? Finalement, étudier un texte devient une exercice d'exclusion, une virtuosité inutile, un plaisir de l'entre-soi alors même que le but est d'en éclairer le sens. Quel paradoxe.