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Les Maréchaux

On dit que Paris a grandi comme un oignon (ognon avec la nouvelle orthographe, qui me choque par sa logique inhabituelle). A chaque fois qu'il s'est trouvé trop petit, il a mangé les territoires qui l'entouraient, se constituant de couches successives. Le dernier agrandissement en date est celui de 1860 qui comprenait les 20 arrondissements actuels, Il a été comme souvent concrétisé par une enceinte fortifiée, créée 20 ans plus tôt pour protéger Paris des invasion. A l'intérieur de cette muraille se trouvait une route militaire qui encerclait Paris et qui, élargie, prit le nom de boulevards des Maréchaux, puisque à part un amiral, tous les noms donnés sont ceux de maréchaux, le plus gros de la troupe étant des maréchaux du premier Empire. Entre ces boulevards et la banlieue se trouvaient la zone, une étendue inconstructible militaire qui s'est vite transformée en bidonvilles, et avait triste réputation. Dans les années 1920 et 1930, on y a construit des habitations bon marché en briques qui sont encore très présentes.

Les tramways avaient disparu de Paris depuis environ 70 ans quand on décida de créer une ligne sur les maréchaux. Le premier tronçon fut achevé en 2006.

C'est au sud de Paris, sur ces boulevard des Maréchaux, que je vais me promener en une fin d'après-midi de novembre. Il fait gris, la nuit va vite tomber. C'est un Paris bien différent du centre que nous trouvons là.

 

 

They say Paris is like an onion, made of different layers that show how it was extended in the past. Whenever it was too small, it used to

 

swallow part of the cities around, and build a surrounding wall. The last extension was made in 1860, Paris swallowed partly 24 towns and was

 

cut in 20 new arrondissements, disposed like a snail shell. It followed the Tiers wall that had been built to protect Paris after 1840, but was

 

proved inefficient soon, with the new weapons, and was destroyed.

 

 

A military road run alongside the wall, it was enlarged and it became Boulevards. The names of 1st Empire marshals (mostly) were given to the

 

different parts of this new road, and it became “The Marshals, les Maréchaux”. There was an area, a wasteland really, around the place were

 

the wall used to be, it was used as a shanty town of ill fame. In the Twenties and Thirties social building were built there. Those brick buildings

 

are still there.

 

 

 

There have been no tram for almost 70 years in Paris. Then it was decided to build one on the Maréchaux. The first section was built in 2006.

 

 

 

I decide to wander along the Maréchaux. It’s late November, it’s 4 PM. I am in the South of Paris, the sky is grey, the night will fall soon. It

 

really doesn’t look like the center of Paris.

 

Voici les bâtiments art déco avec leurs petites rues et cours, très reconnaissables à leurs briques. (Oui, c'est vrai, on dirait qu'ils vont tomber. Mais ce n'est qu'un effet - raté - de mes photos...)

 

Those are the Art Deco buildings built in the Twenties and thirties, with their little lanes. All made of bricks. (Yes, it seems they are going to fall down, which isn't true. That's just because of my pictures, sorry).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ils sont souvent clos de portes en fer forgé, parfois agrémentés de bas reliefs.

 

 

Their doors are made of wrought iron, their walls sometimes have Art Deco carvings.

On en trouve de plus modernes également. Some are recent.

Si certains bâtiments semblent rescapés de la banlieue d'antan, les autres, construits ensuite, sont encore des logements essentiellement sociaux, à loyer réduit. Rien à voir ici avec les bâtiments du centre de Paris qui sont à taille plus humaine.

Some of the buildings seem to have survived from older times. The newer ones are mostly social buildings, with lower rents. There are huge buildings, not looking like the ones in the center of Paris.

Voici le collège, le centre sportif, l'école Dans des rues parallèles aux maréchaux. Ici se retrouvent les personnes les moins fortunées de Paris, puisqu'elles peuvent bénéficier de loyers modérés.

Here is the local high school, the sports center, the primary school. Here live people who don't have enough money to live in the other parts of Paris, where the rents aren't lowered.

 

On trouve sur ces Maréchaux quelques bâtiments à l'architecture plus ambitieuse.

We can find some more elaborate buildings too.

 

Mais c'est ici aussi que l'on peut apercevoir des cimetières, les stations essence...

But there is where the cemeteries are, the gas stations...

 

 

 

 

Le Parc des Expositions, partiellement en chantier...

 

The Exhibition Center renovation...

C'est aussi ici qu'on peut trouver les plus hideux bâtiments, auxquels les graffitis apportent un peu de couleur, sinon de la gaîté.

That's where we can find the more hideous buildings, where graffiti try to add some colors, if no beauty nor happy feelings.

Et quelques souterrains lugubres en cette fin de journée...

And some gloomy tunnels in the falling light...

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L'accès au langage

J'ai toujours pensé que le langage était ce qui nous liait. Qu'en conséquence, il se devait d'être aussi clair que possible. Apprendre des langues nouvelles et m'apercevoir tout à coup qu'un paragraphe entraperçu ou qu'une phrase entendue à la radio faisait sens pour moi alors que jusque là ils étaient indéchiffrables est un grand bonheur.  Dans mon métier d'enseignante, je me suis toujours efforcée de rendre clairs des concepts, des mots. Il m'est arrivé  fréquemment d'échouer et de lire dans les yeux de mes élèves l'incompréhension. Les enfants sont intransigeants, la flamme n'éclaire leur regard que quand on a trouvé la formule la plus directe, la plus simple, la plus épurée. Mais quelle gratification quand on la tient ! "Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément," écrit Boileau. Aisément, pas tant ! C'est une gymnastique exigeante que de s'exprimer simplement. Nous ne sommes pas coutumiers du fait, nous enjolivons, alourdissons, colorons notre langage en permanence. Parfois pour mieux éclairer notre interlocuteur, parfois pour le séduire, et assez fréquemment pour mieux le perdre ou le tromper.

Quand j'étudiais la littérature j'enrageais déjà. Venue des matières scientifiques, je n'avais pas trempé dans le même bain de langage que mes camarades et il me semblait pédant voire stupide de systématiquement renoncer aux mots usuels pour opter pour des termes synonymes mais inconnus de la majorité des gens. Qu'est-ce qui importait ? Écrire pour être compris de tous ou seulement des initiés ? Pourquoi inventer des termes techniques quand notre langue possède déjà les outils dont nous avons besoin ? Finalement, étudier un texte devient une exercice d'exclusion, une virtuosité inutile, un plaisir de l'entre-soi alors même que le but est d'en éclairer le sens. Quel paradoxe.