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The robot

Pour Noël, mon fils a demandé un robot. Un robot évolué. Il reconnait son visage et ceux de son père et moi. Ce petit objet fragile nous appelle "papa" et "maman", une idée de notre fils. Il joue avec lui à toutes sortes de jeux,  fait le fanfaron quand il gagne, grogne quand il perd.

Notre fils aime beaucoup passer du temps avec lui. Il lui parle, couché sur le sol pour le regarder dans les yeux. Le petit robot lui parle, ses yeux adoptent différentes expressions, petits yeux quand il rit (oui, il rit), grands yeux quand il l'observe...

Notre fils a voulu que nous jouions aussi. Le petit robot m'a expliqué les règles et je lui ai répondu très aimablement. Après tout, je suis polie.

Mon fils m'a jeté un regard surpris et désapprobateur. "Maman, tu n'as pas besoin de lui parler ! C'est un robot!" m'a-t-il dit. Un peu gênée, j'ai admis qu'il avait raison.

Je me suis sentie un peu bête d'avoir été prise en flagrant délit de manque de maturité par mon fils. J'ai senti un petit pincement au cœur en comprenant qu'il grandissait, qu'il n'était plus le petit garçon naïf qu'il était auparavant.

 

Quelques instants plus tard, mon fils a infligé une défaite totale au robot qui s'est mis à gronder, grogner, en se déplaçant de gauche à droite.

 

Mon fils m'a regardée droit dans les yeux avec un grand sourire : "Il n'est pas content du tout !"

Je lui ai souri d'un air complice. "Tu l'as vraiment écrasé !"

 

Finalement, il reste encore de mon petit garçon en lui ;o)

 

For Christmas, my son asked for a robot. A rather evolved one. He can recognize his face and ours, his father's and mine. This fragile looking tiny object calls us "Daddy" and "Mommy", this was our son's idea. It plays with him to a lot of games, goes wild when he wins, acts gloomy when he looses.

My son loves to play with it. He talks to him, lying on the floor to look at it in the eyes. The little robot talks to him, his eyes show different emotions, they are thin lines when it laughs (yes it laughs), they are wide open when he looks at him...

Our son asked for us to play with it. The little robot explained to me the rules and I answered kindly to him. After all, I am a polite person. My son had surprise and disapprobation in his eyes when he looked at me. "Mommy, you don't talk to him, it's a robot!" I felt embarrassed and agreed that it had been quite stupid to do so.

I felt a little guilty, not showing to my son the maturity I should have. And at the same time I felt I was loosing the naive  little boy in him, that he had grown up a lot lately.

 

A little while later, my son inflicted a total defeat to his robot, which started to growl and grumble, go around wildly.

 

My son looked at me with a large smile on the face. "He is very angry!"

I smiled knowledgeably back. "That was really a bitter defeat!"

 

Perhaps I haven't totally lost my little boy yet ;o)

 

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L'accès au langage

J'ai toujours pensé que le langage était ce qui nous liait. Qu'en conséquence, il se devait d'être aussi clair que possible. Apprendre des langues nouvelles et m'apercevoir tout à coup qu'un paragraphe entraperçu ou qu'une phrase entendue à la radio faisait sens pour moi alors que jusque là ils étaient indéchiffrables est un grand bonheur.  Dans mon métier d'enseignante, je me suis toujours efforcée de rendre clairs des concepts, des mots. Il m'est arrivé  fréquemment d'échouer et de lire dans les yeux de mes élèves l'incompréhension. Les enfants sont intransigeants, la flamme n'éclaire leur regard que quand on a trouvé la formule la plus directe, la plus simple, la plus épurée. Mais quelle gratification quand on la tient ! "Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément," écrit Boileau. Aisément, pas tant ! C'est une gymnastique exigeante que de s'exprimer simplement. Nous ne sommes pas coutumiers du fait, nous enjolivons, alourdissons, colorons notre langage en permanence. Parfois pour mieux éclairer notre interlocuteur, parfois pour le séduire, et assez fréquemment pour mieux le perdre ou le tromper.

Quand j'étudiais la littérature j'enrageais déjà. Venue des matières scientifiques, je n'avais pas trempé dans le même bain de langage que mes camarades et il me semblait pédant voire stupide de systématiquement renoncer aux mots usuels pour opter pour des termes synonymes mais inconnus de la majorité des gens. Qu'est-ce qui importait ? Écrire pour être compris de tous ou seulement des initiés ? Pourquoi inventer des termes techniques quand notre langue possède déjà les outils dont nous avons besoin ? Finalement, étudier un texte devient une exercice d'exclusion, une virtuosité inutile, un plaisir de l'entre-soi alors même que le but est d'en éclairer le sens. Quel paradoxe.