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Lady Agnew of Lochnaw

Lady Agnew of Lochnaw

A Edimbourg, à la Scottish National Gallery, j'ai été attirée par ce visage qui me regardait droit dans les yeux.

C'est le portrait de Lady Agnew of Lochnaw, une jeune française mariée à un baronnet écossais.
C'est une grande toile, peinte en 1892 par l'américain  John Singer Sargent.
Les couleurs pastel sont douces et s'effacent devant les yeux sombres et décidés de la jeune femme, qui semble nous défier du regard, sa façon d'être assise dans ce fauteuil tranche avec les portraits figés des aristocrates de l'époque, même l'étoffe de la robe qui laisse entrevoir ses bras semble respirer avec elle.

Ce portrait est d'une grande modernité.

Visiting the Scottish National Gallery of Edinburgh, I was immediately attracted by that face who looked straight at my eyes.

This is Lady Agnew of Lochnaw's portrait. It was painted in 1892 by an American artist, John Singer Sargent. That large painting depicts a young French woman, married to a Scottish baronnet.

The soft pastel colors contrast with the woman's dark and bold eyes, her pose is not stiff and self conscious as those of usual aristocracy portraits of those times. The light fabric of her dress, which lets us see a firm arm, seems to breathe with her.

Ths is a very modern painting.

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Commentaires: 1
  • #1

    Jose (dimanche, 18 novembre 2018 06:14)

    J'aime la description de la peinture et la façon dont vous décrivez la confiance de la femme.

L'accès au langage

J'ai toujours pensé que le langage était ce qui nous liait. Qu'en conséquence, il se devait d'être aussi clair que possible. Apprendre des langues nouvelles et m'apercevoir tout à coup qu'un paragraphe entraperçu ou qu'une phrase entendue à la radio faisait sens pour moi alors que jusque là ils étaient indéchiffrables est un grand bonheur.  Dans mon métier d'enseignante, je me suis toujours efforcée de rendre clairs des concepts, des mots. Il m'est arrivé  fréquemment d'échouer et de lire dans les yeux de mes élèves l'incompréhension. Les enfants sont intransigeants, la flamme n'éclaire leur regard que quand on a trouvé la formule la plus directe, la plus simple, la plus épurée. Mais quelle gratification quand on la tient ! "Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément," écrit Boileau. Aisément, pas tant ! C'est une gymnastique exigeante que de s'exprimer simplement. Nous ne sommes pas coutumiers du fait, nous enjolivons, alourdissons, colorons notre langage en permanence. Parfois pour mieux éclairer notre interlocuteur, parfois pour le séduire, et assez fréquemment pour mieux le perdre ou le tromper.

Quand j'étudiais la littérature j'enrageais déjà. Venue des matières scientifiques, je n'avais pas trempé dans le même bain de langage que mes camarades et il me semblait pédant voire stupide de systématiquement renoncer aux mots usuels pour opter pour des termes synonymes mais inconnus de la majorité des gens. Qu'est-ce qui importait ? Écrire pour être compris de tous ou seulement des initiés ? Pourquoi inventer des termes techniques quand notre langue possède déjà les outils dont nous avons besoin ? Finalement, étudier un texte devient une exercice d'exclusion, une virtuosité inutile, un plaisir de l'entre-soi alors même que le but est d'en éclairer le sens. Quel paradoxe.