Trésors

Trésors · 31. décembre 2018
Exposition Egon Schiele à la fondation Louis Vuitton. Exhibition Egon Schiele at the Fondation Louis Vuitton Je n'avais jamais vu autant de ses dessins (et quelques peintures) rassemblés. C'est envoûtant, dérangeant, à la fois attirant et repoussant. J'ai été frappée et touchée par la beauté du trait, la délicatesse des couleurs, la franchise crue. I had never seen as many of his drawings and paintings at a time. It is mesmerizing, disturbing, it's both attracting and reppelling. I...

Trésors · 11. décembre 2018
Hier matin, Tiki, mon oiseau est mort. Il était important, et un membre à part entière de la famille. Je l'ai eu plus de 16 ans. Nous l'avons entendu tomber, je l'ai ramassé au fond de sa cage. Il respirait encore. Mon fils et moi l'avons caressé et il s'est endormi doucement. Nous étions profondément tristes, mais contents de l'avoir accompagné pendant ses derniers instants... Yesterday morning Tiki, my parakeet, died. He was important, he was part of the family. We had been living...

Trésors · 07. décembre 2018
Je suis enseignante. Un de mes dadas est l'origami. Je restais avec des élèves deux soirs par semaine pour les initier à l'origami depuis sept ans. Je suis en arrêt maladie depuis quelques temps. Et cet arrêt va être de longue durée. Aujourd'hui j'ai reçu une lettre mystérieuse. Une enveloppe à mon nom. Dedans, un papier rose plié avec un cœur. J'ai déplié le papier, sur une petite page, il y avait un petit message, sur toutes les autres, des cœurs. Dans une petite enveloppe il y...

Trésors · 01. décembre 2018
Petit tour au musée du Luxembourg avec Marie pour voir l'exposition Mucha. Pour y arriver, un petit bout de route vers le Sénat à travers le parc du Luxembourg. Pas de pluie. Nous sommes chanceuses. Nous n'attendons pas trop pour entrer, mais quand nous passons la porte, nous sommes frappées par le monde qui se pousse dans la première salle. Comme souvent pour les expositions courues. Il est impossible de reculer sans heurter quelqu'un, il est difficile de voir les œuvres en entier, des...

Trésors · 19. novembre 2018
Mon rêve familier Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant D’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime, Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même Ni tout à fait une autre, et m’aime et me comprend. Car elle me comprend, et mon cœur transparent Pour elle seule, hélas! cesse d’être un problème Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême, Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant. Est-elle brune, blonde ou rousse? Je l’ignore. Son nom? Je me...
Trésors · 12. novembre 2018
A Edimbourg, à la Scottish National Gallery, j'ai été attirée par ce visage qui me regardait droit dans les yeux. C'est le portrait de Lady Agnew of Lochnaw, une jeune française mariée à un baronnet écossais. C'est une grande toile, peinte en 1892 par l'américain John Singer Sargent. Les couleurs pastel sont douces et s'effacent devant les yeux sombres et décidés de la jeune femme, qui semble nous défier du regard, sa façon d'être assise dans ce fauteuil tranche avec les portraits...

L'accès au langage

J'ai toujours pensé que le langage était ce qui nous liait. Qu'en conséquence, il se devait d'être aussi clair que possible. Apprendre des langues nouvelles et m'apercevoir tout à coup qu'un paragraphe entraperçu ou qu'une phrase entendue à la radio faisait sens pour moi alors que jusque là ils étaient indéchiffrables est un grand bonheur.  Dans mon métier d'enseignante, je me suis toujours efforcée de rendre clairs des concepts, des mots. Il m'est arrivé  fréquemment d'échouer et de lire dans les yeux de mes élèves l'incompréhension. Les enfants sont intransigeants, la flamme n'éclaire leur regard que quand on a trouvé la formule la plus directe, la plus simple, la plus épurée. Mais quelle gratification quand on la tient ! "Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément," écrit Boileau. Aisément, pas tant ! C'est une gymnastique exigeante que de s'exprimer simplement. Nous ne sommes pas coutumiers du fait, nous enjolivons, alourdissons, colorons notre langage en permanence. Parfois pour mieux éclairer notre interlocuteur, parfois pour le séduire, et assez fréquemment pour mieux le perdre ou le tromper.

Quand j'étudiais la littérature j'enrageais déjà. Venue des matières scientifiques, je n'avais pas trempé dans le même bain de langage que mes camarades et il me semblait pédant voire stupide de systématiquement renoncer aux mots usuels pour opter pour des termes synonymes mais inconnus de la majorité des gens. Qu'est-ce qui importait ? Écrire pour être compris de tous ou seulement des initiés ? Pourquoi inventer des termes techniques quand notre langue possède déjà les outils dont nous avons besoin ? Finalement, étudier un texte devient une exercice d'exclusion, une virtuosité inutile, un plaisir de l'entre-soi alors même que le but est d'en éclairer le sens. Quel paradoxe.